Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Au Bunker de la dernière Rafale
6 septembre 2007

Ecoute...

Comme toujours, les citations de Godard sont un subtil mélange : collage, réécriture, florilège.  J'ai cherché dans le livre d'Elie Faure le passage que Belmondo lit au bain dans Pierrot le Fou. Mais ce n'est pas tout à fait ça. Alors j'ai recopié le film...


Velasquez, après cinquante ans ne peignait plus jamais une chose définie, il errait autour des objets avec l'air et le crépuscule, il surprenait dans l'ombre et la transparence des fonds les palpitations colorées dont il faisait le centre invisible de sa symphonie silencieuse. Il ne saisissait plus dans le monde que les échanges mystérieux qui font pénétrer les uns dans les autres les formes et les tons par un progrès secret et continu dont aucun heurt, aucun sursaut ne dénonce ou n'interrompt la marche.

L'espace règne.      C'est comme une onde aérienne qui glisse sur les surfaces, s'imprègne de leur émanation visible pour les définir et les modeler et emporter partout ailleurs comme un parfum, comme un écho d'elle, qu'elle disperse sur toute l'étendue environnante en poussière ... impondérable.

C'est beau ça, hein p'tite fille ?

Le monde où il vivait était triste : un roi dégénéré, des infants malades, des idiots, des nains, des infirmes, quelques pitres monstrueux vêtus en Princes, qui avaient pour fonction de rire d'eux même et d'en faire rire des êtres hors-la-loi vivante, étreints par l'étiquette, le complot, le mensonge. Liés par la confession et le remord. Aux portes, l'autodafé... le silence.

Ecoute ça...

Un esprit nostalgique flotte, mais on ne voit ni la laideur ni la tristesse ni le sens funèbre et cruel de cette enfance écrasée.
Velasquez est le peintre des soirs, de l'étendue, et du silence. Même lorsqu'il peint en plein jour, même quand il peint dans une pièce close, même quand la guerre ou la chasse hurle autour de lui.

Comme il ne sortait guère aux heures de la journée où l'air est brûlant, où le soleil éteint tout, ces peintres espagnoles communiaient avec les soirées...


-mais tou est fou de leur lire des choses comme ça !

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité