J'voudrais dire un slam...
LE METRO DE LA TRAME
J’voudrais dire un slam pour un grands corps malade.
Pour l’avoir écouté de ballade en ballade…
Si, et par des temps anciens on a écrit DES LIVRES ENTIERS
Sur des chevaux…
Ce qui m’obsède – moi -- c’est le METRO.
Et v’la que je le nomme
Mais qu’est-ce qu’eul métro nomme ?
C’tun métronome – autonome
UN GRAND CHROME QUI BRAME
La trame du métro … LE MÉTRO DE LA TRAME.
Et ses couloirs -- qui s’accablent de câbles
Ce train qui grince -- sa trace
partout des graphes
/où que tu passes
V’la la couleur des choses rapides
Cette texture mouvementé
Mouvante des cœurs / trépide
Il est temps d’inventer / l’écriture
De ce qui se trame dans l’tromé ::
Certains serpents tintent à sonnette
D’un métal - – pas honnête
Mais nous sommes d’ce serpent
Qu’arpente après l’arpent
--Des pentes
notre descente sert
d’être ailleurs
Dans ce monde de poussière // on voit pas défiler l’heure
Et c’est le monde qu’on boit
Qu’on a bu – qu’on a vu
On se lève -- on s’abaisse
Mais l’voyage sous terre
C’est le voyage au rabais
Dans le métro
Baisse les yeux
Si tu veux pas croiser son regard
Tu te regardes un reflet
Dans la vitre qu’est miroir
(D’intensité)
Mais belle si d’un regard
Toi qu’habites sur l’autre face du quais.
La marche / L’attente sur un mode singulier
Les flots—les flux—les regards
Mais l’pire dans l’tromé
C’est l’trop-plein.
Ct’humaine compression
Qu’empire avant d’se frayer un chemin
Dans le Wagon
Y’a cette fille qu’est plus grande que moi
Dame j’ai pas la place déplier un regard
Parce que j’ai les yeux dans ton bras
Et j’regarde qui sont des hommes -- et puis des femmes
De ces corps distant dont parfois
Je ne vois que les pieds –
--des jours de vague-à-l’âme
Assis d’escarpins -- des converses
New-Rock ou mocassins
Des Tennis et pieds nus
Des nus-pieds éthérés
Des pantoufles fatiguées
Des paires dépareillées
Et des chaussures neuves qui couinent.
Ceux qu’empestent et d’autres – un peu trop clean
Des jeans délavés
Des jambes épilées
Des tissus d’étoiles...
On a tous vu de quoi j’parle :: le spectacle de l’humanité
De ces gestes perdus - - de conversations entendues
Ceux qui débordent d’un sourire
Un rire qui porte
Ceux qui s’emportent
Celui—qu’un tic envahit
Cette fille que l’impatience – trahit.
Ceux qui parlent au portable
Et qui sont pas gênés d’te faire sentir
Qu’ils ne sont pas de ton côté
Ceux qui pianotent la danse
De leur correspondance Ès et Messée
Ceux qui attendent un appel—un rappel
Ceux qui disent : « ça à coupé »
Des amoureux qui se tiennent par les poignets
Sur les genoux – par les nous
En bouche debout –ceux qui s’embrassent
Ceux qui s’enlacent
Des kiss discrets—aux patins lovés
Ceux qui les font résonner
Ceux qui se disent des mots secrets
--J’entrevois des visages
Trop près qu’on voyait pas --Qu’on envisage quand ils s’éloignent
Ceux qui se traînent et ceux qui se magnent
Moi je rêve, pis y’a ceux
Pour qui l’tromé
C’est le dortoir de Paname.
J’oublie pas ce pauvre
Qui d’mon enfance plus p’tite qu’un dossier
Entrait dans la râme aigrelette – déclamait
« une minute de poésie :
sous-le-pont-mirabeau-coule-la-seine »
à toi mon misérable : j’connaissais pas l’Apo
ni les Ponts – ni la scène
Ni l’amour – ni la haine
Et j’avais peur de toi eul squelettique apôtre
J’oublie pas qu’à la fin—tu nous disais merci
J’comprenais pas pourquoi
Maintenant je sais—merci.
Le tromé parfois ‘en fais des rêves : tu les connais
De ces couloirs qui n’en finissent jamais
Ceux qui passent sous la mer
Ceux dont on ne revient jamais
Une grande pancarte // pendue au d’sus d’un escalier
ICI DE BIEN ETRANGES RENCONTRES SERONT PERPÉTRÉES
-- mais le jour c’est la sation DEBOUT
Les bras crochés aux crochets
D’barres de fer à poignées
Y’à Celle dont on voit le nombril
Et Ceux qui ont les cheveux rasés
Les vitres griffés de coups de clefs&de reflets
Les murs blancs dallés
La ligne bossuette – faite pour les non-voyants
Ceux qu’on voit pas – ceux qui sont sûrs d’être voyants
Ceux qui tendent -- des embuscades dans les couloirs
Ceux qui dorment comme des loirs.
Ceux qu’à dix treillis sur un joueur de djembé
Aux couleurs de la RATP –bleu / vert
Rien à péter
(Et les brocarts de publicité jetés à la face)
Ceux qui dessinent des signes—sur des carnets
Ceux qui disent : « je te connais ? »
Ceux qui vivent
L’eau vive des couloirs
Bruissante de lampe-phares
Et l’air des souterrains—le soir
Le métro aérien – paris vitesse accélérée
Ses misères et ses trains
Barbès façades d’jardins secrets
Graphès d’inaccessibles sur les toits
Canal Saint Martin – la Seine et des tours qui chatoient
Quelques moments d’bonheur
Mais la trame du métro
C’est c’te ville souterraine
Cette ville où t’es reine
Des voûtes et d’asiles des palais
Par paliers : le jour artificiel – partout où t’esperais.
Les stations / y’a les originales
Et celles qu’on a écorchées.
QUAI DE LA RAPÉE
A PAS D’HEURE
A PAS D’HEURE : tout à dérapé
Y’a des brise-lumière sur l’eau longue de nuit
Ça va perçant jusqu’au cœur
Ce pont de pierre qui s’enfuit
Les lumières – comme des leurres
Ce jour d’après-minuit
Et c’tromé qui dérive
D’une rive à l’ autre -- ivre
Il faudra VIVRE
Car les pleurs n’arrêtent pas
La course de la nuit.
Tu l’entends venir de loin
Cet aire de blues ou rap ou jazz
Insolite écho rock
Des plateformes qu’entrechoquent
La musique
Pour sûr qu’eul murmure des murs—dure
C’te musique tapie que la sourdine --emmure
Sur des tapis roulants – v’la des tapis volants
Le baladeur total-kamok quand tu planes.
A Châtelet’escalator
Y’a c’te mosaïque – d’rubans enrubannées
En toute simplicité
O’ Tel de Ville –cte couloir que des zigues avaient libérés.
Pas une pub sur cent mètres
On pouvait respirer
La trame du métro // ou l’voisinage
Du voyageur d’en face // ou l’usagère
La voyageuse légère
Les yeux perdus – sur des détails imaginaires
Et cette femme aux cheveux noirs très longs
La trentaine d’années damnée
Et moi qui faisait semblant de lire
Et qui la regardait
Quand elle s’est levée je n’ai vu qu’un instant
Qu’sa main gauche était -- – en cire
Et cette jeune fille aux cheveux blancs si blancs
Qu’elle avait l’épaule si griffée
Elle qui était tatouée
Avec les yeux de celle qui a – qui va pleurer…
De ces destins qu’on croise dans le métro
Souvent—on a rien cirer
Mais depuis ce jour je connais le sens
D’une main qui sur l’cœur est porté
En signe de naissance.
Le métro porte ouverte au cœur de l’humanité.